17.02.13

Maintenant, c'est par ici que ça se passe :
L'escargot fait du trapèze
(à quatre mains avec Joëlle Olivier)
Bonne lecture !

15.09.11

sont-ce entre autres avec votre promis d’alors vos pères moitié coucous qui vous rapprochent – et l’un à l’autre vous en ouvrez-vous ? il y a peu à parier – vous aimez plutôt son grand chien feu (feu le chien désormais, et le feu père, puis le fils – où ; vous ; quand, comment dans la flambée ?), et qu’il vous enseigne le football (le nom du père en polonais se dit edjiu, vous n’en saurez guère plus ; vous parlez mieux de son setter) – aussi bien vous n’êtes pas heureux mais l’on vous a conçus pour courir (puisque l’on vous croit vu votre âge abouchés à des mals petits, guère plus que des chagrins lait), en sorte que vous courez, sans mesure et sans consolation contre l’horizon puce, vous pratiquez le menu canter des brèche-dents dont à distance – et pour ce que vu votre âge on confond avec, en vous, des aubes à poindre, des matins de juillet bleu et or, de l’ailé doux issu d’un bataclan de putti –, dont à distance on s’imagine autour de vous que c’est la joie vu votre âge, ou du moins quelque chose dru saturé d’efficace, qui l’engrène – si taiseux soyez-vous vous n’êtes pas dupes, si pleins de petits chaos cois, de boucans tus qu’un instinct vous enjoint d’opposer aux paters quoique possiblement ce tintamarre ouaté, feutré, sans gueule mais bâillonné vous esquinte à l’égal, qui sait, à force, un peu, des épingles de lasthénie de ferjol mais tant pis : c’est celer qu’il faut – immodérément l’on loue, vu votre âge et sans piger, votre pondération quand cependant vous fomentez (vous ne cesserez plus) des putsch en miniature avec vos organes ainsi qu’avec vos os, du pronunciamiento (ensuite il devient père, puis père pendu – vous ne vous pendez ni n’enfantez : vous n’imposez à personne de devoir qui sait vous voir un jour dans les petites-maisons de la rue de sèvres ou bien de charenton).

30.08.11

en quelques mois je cloue mon dos, l’on capte mon sang – gringuant ce jour-là qui me pique et quoique en douce, il me vient de lui faire observer, façon mettons de me noyer moins dans mon verre, la lampée de sirop cramoisi, ce julep ; mon jus pourpré ; qu’elle porte – il est inscrit sur sa blouse – un bien joli prénom : et vous, vous vous appelez comme mon mari ! –, je vire au-dedans sur des manèges où je laisse un temps une portion d’ouïe, il faut écouter mon mol abat battant à dix fois six remous la minute ; l’on perce un sein qu’on panse ensuite en étoile.
patience, va : dans ma direction, une femme écrit crève.

pour quérir, proche la goutte d’or, eléctrico w j’emprunte la rue s* dont via l’ami d’une amie chère j’apprends naguère qu’y vit l’auteur – a vécu – vit encore ?

l'on vous apprend dans l'été que votre promis d'alors vient de mettre un terme à ses jours – vous pouvez avoir quoi, six années, sept ; huit ou neuf le cas échéant.
une image point :
le petit couple très encré c’est vous.
accordez-vous ce plaisir : redessinez en pensée les garçons entraperçus, une revue qui sait, un journal, quelque chose en tout cas de désuet, deux menus empoignés, deux enfants saisis, figés, plein le temps et plein l’encre et puis tout pleins d’antan.
on les croirait boxant dans un cube de glace.
ou valsant alentis.
étreints.
si lents que morts qui sait.
ces pancratiastes c’est vous, accordez-vous ce plaisir, les pugilistes bord à bord cousus, que vous chaut puisqu’aussi bien c’est un poème.
à qui croyez-vous parler.
vous déblatérez contre l’encaustique et l’antan.
l’on vous apprend dans l’été que votre promis d’alors vient de mettre un terme à ses jours.
vous vous agitez plein du miel.
ces deux très emparés c’est vous.
sous l’astre inconsidérément soufflé de votre cerveau.

22.08.11

toutes les fois qu’elle mime le geste de refermer le poing sur un coquelicot, de le serrer sur la sucrerie décaédrique appelée coquelicot, la menue gueulardise rougie qu’à quatre-vingts ans de distance elle pose comme condition expresse à l’ingurgitation d’une tasse de thé des familles – le tout petit bonbon hardiment étreint pendant l’absorption du dépuratif, puis sitôt le thé bu : gobé – chaque fois (combien ? combien de fois pour moi mime-t-elle ? combien dans ce foyer au sein duquel il ne reste que nous, « où nos défauts sont pardonnés, où nos faiblesses sont accueillies », où surtout j’actionne à tout coup ma ferveur à réentendre et redire, à rabâcher ce qui de l’être me bonde ? combien d’incomptables fois ces friandises me contentant sans tout de bon me combler ?), toutes les fois qu’elle me montre combien opiniâtrement elle sait alors enclore ce coquelicot, l’enclaver, l’empaumer fort je cille, sa main grimpant à mon âme cause qu’elle est m’est avis la même ou quasi qu’à quatre fois vingt années d’ici – petite, fluette à l’identique, semblable à celle qui tout de bon corsète le coquelicot, encage alors le bonbon sauf le derme amoindri, mûri, déchu par vingt fois quatre ans et puis le bleu de ses veines avivé.

suite au sourire vaste exquisément de mireille darc : ce smirk ficelle de qui sent à deux doigts sa bonne fortune.
version canaille et popu des trintignant fabian dans la neige de ma nuit chez maud ?

un site communautaire vous remémore ce dix-neuf l’anniversaire de qui voilà trente-cinq ans baise à votre requête expresse, impérieuse, péremptoire votre bouche un rien despote alors, comme urgente, empressante et nécessaire de très petite enfant, et dont votre mère dans l’été deux mil dix vous apprend qu’il vient de mettre un terme à ses jours – et vos lèvres alors sur les siennes mortes, future petite morte, et vous, contre ses tissus muqueux d’ex vivant.

12.08.11

le dimanche, tôt les dimanches en bord de place à bord du bus un peu biquet menant aux abbesses, car j’y prends tôt tous les dimanches mon petit-déjeuner. rue girardon, le dimanche à bord du car broquille, du bus bimbelot ballant – l’on vient de longer les vignes, le cabaret du lapin agile, la maison rose avec sous la roue du joujou les pavés façonnant des tressauts – courtement je songe à céline allant, d’un château l’autre des fois et des fois récriminant contre qui lui a « tout volé à montmartre !... tout !... rue girardon !... » dont il occupe un appartement au numéro quatre. souvent rue drevet nous embarquons un vieux, qui crapoteux serre en dépit des passants un à un décousus puis tombés, par le dessus d’un astérisme de tachetures, mouchetures, salissures et maculatures son falzar au moyen d’une ficelle et qui, crasseux cause (ce dimanche lançant à l’adresse d’un mitron par le devant du bus s’empressant qu’hé bé mon gars tu cours plus vite que les joueurs du psg) à la façon d’arletty ou bien encore, me dis-je, de mon ex-épousée.

j’achète un autre jour des fleurs sur l’avenue.

ma mère me rapporte que le docteur est alors le premier du bourg de caudebec à faire l’acquisition d’une auto, en sorte que les vaches dit-on, qui aujourd’hui paissent atones au bord des tégévés – immuablement paissent –, cœur et queue battant cavalent alors (folles), sitôt que dans les paysages il fourre son teuf à l’effet d’y visiter ses censiers.
ma mère alors peut avoir trois ou quatre ans, et je voudrais que cette auto fût une de dion.

soirée écrivains en séries : teaser


ci-dessous, un extrait du texte consacré aux new avengers, que je lirai demain lors de la soirée écrivains en séries.

c’est purdey (purdey pour la première fois parue)
et de même inédit : ce rideau perlousé, cascadant
menant à sa carrée – l’on en saura dorénavant les
voilages et le mauve, le colchique et ce schloff,
inatteignable plume, chryséléphantin – son pucier
dont ce jour gambit l’ôte - je vous ai jetée hors
du lit, mais pas dedans
. et c’est alors le visage
émergeant (parmi le satin, de la soie) et déjà le
« bombage » - ce qu’alors on nommait bombage – et
cet œil, velours et brasillant : bonjour, purdey.
[...]
c’est purdey, dans des plis flous qui lui siéent,
purdey qu’épatamment l’on devine, sous son kimono
or et bordé chocolat, purdey contre l’infaillible
géométrie – des espaliers aux murs et des tatamis
grèges ; c’est purdey pratiquant, véloce, ficelle
et désirable, purdey dont une contre-plongée sert
le vol (mae tobi geri, mettons), spence, le julot
spence alors la maîtrisant mais sous peu spence à
son tour maté – spence au cou de qui par la suite
elle se pend, munie d’un grand sourire désarmant.
[...]
c’est purdey, purdey frayant ici avec ce qui vous
effraie mômes : klokoe qu’on voit – l’homoncule –
souffler curare, puis rendre effroyablement gorge
par où il a péché, ce sont ces effigies jaillies,
des surgissements méchants tout plein le champ de
tir – mais c’est aussi purdey qui va affriandant,
purdey bas blancs ; jarretière à l’assaut du zinc
des gouttières et c’est purdey la morte – au beau
milieu du page, torpide mieux que celle d’auguste
clésinger - c’est le un pour cent qui vous tue...

15.05.11

dans la chambre où je devrais dormir ici, mais chambre qu’à tout coup le temps de mon séjour ma mère troque, contre la sienne et sans que je perce pourquoi, l’on fourre voilà quinze ans mon lit d’antan, l’armoire d’antan, écraseuse, accablante, un secrétaire md dont la portion supérieure, qui fait vitrine, contient entre autres nounours et bêbê, que l’on dispose aux soirs d’enfant de part et d’autre de ma tête et sans en inverser jamais l’ordonnancement sous peine que je ne dorme pas (dans un lit qui n’est pas celui-ci, celui-ci que pour ça même je snobe, ne m’émouvant pas, ne m’allant jamais à l’âme que pour la bistourner, en gauchir l’aile, l’ensuquer dans des arias teenage), ainsi que le père à peut-être vingt ans dans un cadre, vingt ans max – il naît l’année où blériot pour avoir enjambé la manche empoche ses vingt cinq mille francs or, je prends ma source dans un très vieux jonc.

« ils prétendent toujours qu’ils aimeraient souffrir à ma place, puisque ce n’est pas possible. »
le père entre deux savons m’assurant, s’il le fallait, pour toi, je donnerais mes deux jambes et mes deux bras.

les yeux sont comme entre-fermés à l’orientale, le veston croisé, la courte chevelure à crans (l’on dit qu’il y porte la nuit des pinces). le moque-t-on déjà, le hait-on déjà pour le dédain qu’il exprime, pour, ainsi, les gants de peau dont méprisamment en retour l’on va répétant çà et là qu’il les gante alors pour toucher son chômage ? le futur défunqué gît dans des à-plats perle ou plomb, payne, des rôties souris.

ma mère et moi notons, quand il rage après moi, que son front s'enfle ; la peau en paraît épaissie. je finis par attendre d’une ire l’autre que quelque chose y pète, mais non.

sur l’épreuve de studio l’on voit encore ceci : le triangle d’un mouchoir en pochette – car croyant aux sortilèges de la mise, il tend vers son impeccabilité. ce qu’en revanche on ne voit pas, sur le cliché ni ailleurs, qu’on ne perce pas c’est ce qu’il cèle, qu’il gaze, carre, passe à l’as et qui lui vaut qu’on l’expédie en cure à néris pour les nerfs : la moitié très coucou – qu’il promène dès longtemps, qu’il me refile en douce, en falsch, au bleu, cette suie pour nous deux, le drap, ma moitié plomb ; la drôle de fumagine et que je ne vois pas. ce que dans la chambre où je dors ici nous nous jetons (lui avec son décavage ; ses cheveux blancs que le jour où je prends la photo je surexpose – ils flambent, et l’on serait bien en peine de départager aujourd’hui si cet incendie le nimbant c’est son fiel après moi s’exhalant, ou si ma hargne le couronne ; sa complexion égrotante qui est aussi mon legs), pour jamais, tous les soirs à la figure.

bref, c’est le quinze mai mil neuf cent quatre-vingt-six.
il meurt.
je passe ici mes nuits sous l’œil noir.

écrivains en séries : promo/autopromo

frédéric dumond invite plusieurs écrivains en séries à lire leurs textes.
la date : mardi 17 mai
l’heure : à partir de 19 heures
le lieu : ensci (école nationale supérieure de design industriel)
48 rue saint-sabin
75011 paris
le programme :
19 heures : introduction (emmanuel rabu)
19 h 15 : les sopranos (alban lefranc)
19 h 30 : wonder woman (virginie poitrasson)
19 h 45 : the new avengers (danièle momont)
20 h 00 : the l word (béatrice cussol)
20 h 15 : femmes de footballeurs (frédéric dumond)
20 h 30 : amicalement vôtre (thomas clerc)
20 h 45 : boomtown (pierre ménard)
21 h 00 : daria (claire fercak)
21 h 15 : six feet under (laure limongi)
21 h 30 : v (vincent bergerat)
21 h 45 : france tour détour deux enfants (élodie issartel)
en écoute : l’amour en feu (frank smith)
et, sur moniteurs, des épisodes de séries toute la journée

11.05.11

je me rappelle que le onze mai mil neuf cent quatre-vingt-un nathalie v*, qui est dans ma classe, nous annonce au matin que ses parents la veille sablent le champagne, qu’elle les voit le sabler pour la première fois, qu’elle vit des heures cruciales mais sans savoir lesquelles, qu’elle se rengorge et sans savoir pourquoi.
le onze mai quatre-vingt-un, s* gagne son pari depuis hier : son oncle tient parole : elle acquiert sa première guitare.
ma mère tout à l’heure soupire léger qu’on était contents, qu’est-ce qu’on était contents, quand même. je n’en garde aucun souvenir – me reste seule ma sottise à douze ans d’espérer voir, et de le souhaiter fort, pour de bon des chars soviétiques dans nos rues. à très peu près la mort de pompidou me demeure aussi vive, quoique je compte alors sept années de moins, ce qui n’est pas beaucoup. pour moi elle se produit un dimanche au garage, comme nous bondons la 4l en vue de passer la journée dans la forêt de p* (la mort débuche par le poste grège et grenu que mon père promène, elle s’avachit, pour mieux s’épandre et nous aveindre, sur la banquette en skaï brique où ce poste est posé – un doigt de pleur me monte pour la raison que ma mère a coutume jusqu’à peu de le rebaptiser la pompe et que j’en ris à tout coup car à cinq ans l’on rit d’un rien, mais qu’à cinq ans j’entr’aperçois de même que de rire, il n’est plus temps), en sorte que depuis, au nom de pompidou s’associent nos inusuels bons dimanches, des sous-bois le vert fringant, analeptique, son fleur et leur cru, le pain trempé d’anis pour la pêche, l’humus, les pousses, la ramille et le printemps dans les branches.

10.05.11

pour parler d’odeur ici l’on dit volontiers sentiment – je me rappelle un mien oncle à peine connu, se plaignant un été des fourmis volantes qu’obstinément il dénomme fourmis à zailes, ce dont mon père s’agace, ce dont ma mère sourit, au bas bout de la table sous quoi sont des chiens (il y a plus loin du café mis à cuire, du pâté pour le dîner qu’on sert sur des planchettes, on boit de la bière d’orge, de la bière de ménage dont on me donne quelquefois des gorgées à goûter puis dans le sucrier des tablettes, que je pioche quand j’y suis invitée – pour me faire approcher l’on dit bout de cul, ce dont mon père s’outre, dont ma mère rit), puis s’étant plaint décrétant, le visage s’épatant, les lèvres s’étirant, l’œil doux venu, mettons, s’attiser sous la casquette, comme content peut-être de vivre encore un peu : ah mais la nouvelle lessive à thérèse, çà… au soir, quand on va coucher, ça fait dans les draps un si bon sentiment.

choses qui me remémorent p* : maintes.
ce qui me remémore à elle : probablement plus rien.

depuis des mois comme à l’intérieur d’un mortier je broie la nuit tout ce qui me bourrelle le jour.
j’en exprime un épais suc désastreux dans quoi je macère mes rêves.
puis je m’éveille au matin les dents serrées à rompre.

avisant à relire madame bovary huit pieds qui souventefois closent la phrase l’envie me vient, brève, de pratiquer à nouveau la stylistique, de jouir encore d’en manier les outils dont les sots seuls s’outrent, qui croient comme fer que c’est crever le soufflet d’un accordéon pour en percer l’énigme sonore, quand la littérature au contraire en sort plus inouïe, mirobolante à proportion des scrutations chipées qu’on lui a fait subir.
je songe au cercle philologique de leo spitzer.

08.05.11

viennent ici quand j’y suis, toujours, un jour ou l’autre les souvenirs de guerre. depuis l’enfance elle m’en dit mille, j’en sais mille, j’en oublie mille, elle dit et redit mille, nous jouissons dès longtemps de ces antiennes – à sa mort, à la mienne il ne restera rien.

et c’est ce soir sa sœur lors de l’évacuation, sa sœur à dix-huit ans lancée, pour moi seule propulsée – la quantième fois donc ? – à travers le pays de caux où l’on tâche à bâter un âne, où l’on débâte un âne cause que cet âne comme on dit que volontiers les ânes font décrète en dépit des efforts une inertie parfaite – il faudra plein ses mains se fader le fourbi, on se fade, on va sur les routes ainsi que je vois à un demi-siècle de distance faire aux comédiens de cinéma ou de télévision, sa sœur sillonne pour moi la normandie, sa sœur va, l’ignorant, au-devant des boches, bat le pays dit de caux, va sous les coiffures à bourrelet de crin, aux mains de la valise ou du ballot, continue d’aller comme des coucous fritz apparaissent, ascensionnent dans les ciels, comme ils piquent ensuite et canardent : sa sœur entend à dix-huit ans des blessés, voit des morts. autant dire : à nos yeux : de la pellicule cellulo, mille fois sue, vue, de l’une à l’autre oubliée n’était qu’à moi, dès toujours elle révèle que dans les prés pomme au long desquels on va plein le pays de caux, les vaches hurlent de n’avoir pas été traites, elle dit à moi les pis gros, veinés, outrés ; leur œil effaré ; la gueule au très grand large ouverte et puis meuglant depuis l’âme au bord des morts mitraillés par les ciels – on finit, dit-elle encore, par les soulager, les hommes un à un actionnant un à un les trayons de sorte qu’au lieu de mieux on se nourrit de lait, on accourcit sa vie au boire ou au marcher, sa sœur à force en est malade : elle régurgite – aligne à dix-huit ans les rototos comme un bébé.

il arrive à mes yeux, à mes oreilles, sur fond prairie que la guerre se résume à une vache qui ainsi bée, repue d’âme et d’effroi, véhémentement, dans mon songe endentée jusqu’au fond de la gueule, combien tragique à la façon des souris chicotant d’art spiegelman.

04.05.11

cité de la fosse 3
charcuterie polonaise
cité de la fosse 4
et c’est rentrer chez moi où la brique remémore les vieux mineurs des heures et des heures sur leurs seuils accroupis comme on dit qu’ils font au fond pour faire briquet.

je passe ici mes nuits à la place du mort.

je fuis tomboy de céline sciamma, je fuis tomboy crainte que j’y sois, et puis ce krach un jour pour soi, l’anathème intime, mon petit ravage tu, recommencé, cette assurance que vos parents vous ont manquée.

j’opte lors d’un cours de danse à quoi j’assiste, aussitôt bien qu’à mon corps défendant pour celle qui ferait le plus joli garçon, dont les cheveux sont courts, le hanchement arsouille un peu et les traits brusques, grosses les veines, bleues, le pas moins sensuel que sportsman à l’égal des passes dont s* m’autorise à jouir jadis dans des dancings belges, de ces bousingots frontaliers vers quoi l’on me voiture avant de m’y montrer ses passes, donc, rock, mobilisant quantité de menus muscles un par un isolables, s* en baskets et capricante, pétrie de pep, avec en sus le cul célestement, le cul fondant de c* qu’elle mène, s* aux lèvres charnues, gorgées, fraise, dont la bouche est petite que ma langue emplit toute, les seins imperceptibles et contre quoi d’abord, pour cette imperceptibilité l’on putsche, puis qu’au final on avale safre, goinfre, vorace et pour cette raison même : la volupté louche, le délice véreux que je tire à suçoter ces tétins de cour d’école.
lors d’un cours de danse à quoi j’assiste l’on me dit que ma mère à quatre-vingt-trois ans est une femme formidable.

les prunus capitulent, on foule à l’orée du parc un tapis sec et mauve.

ma mère offusquée qu’un béjaune lui lance mémé ! me narre plus tard en riant son outrage, puis sans songer à mal ajoutant et dire que je ne suis même pas grand-mère. « bien sûr que c’est moi, l’arbre stérile, qui ne peut pas porter de fruits. »

23.04.11

« toujours : l’écoute comme activité – peut-être la plus grande de toutes ? – “enfin il se mit à écouter” […], le faseyement des éventails de robiniers, le grattement des fourmis en bas dans l’herbe sableuse, les claquements des roseaux dans le canal… »

la salle d’attente du docteur t* + la femme au petit renard.
l’oreille.
dans la cour un journal qu’on compulse. ce n’est pas ça. à moins d’envisager des feuilles épaisses comme un sac à ciment, les feuillets taillés dans du kraft.
l’on croirait du dentiste à côté qu’il bat des œufs dans un cul-de-poule. ce n’est pas ça.
à son bonjour ! frais lancé, clairet, vitrier (me revient incidemment qu’enfant, j’aime de façon qu’elle se pousse asséner à ma mère « ton père il est pas vitrier », pour en retour entendre : « mais ma mère s’appelle claire » (ni l’un ni l’autre ne vivent assez longtemps pour me connaître mais le dialogue à tout coup fait la blague : ils sont là, quasi, pâlis un peu comme je les sais sur le seul cliché qu’on m’expose, chacun mangé léger par l’un de ces halos de mise à l’époque, tous deux dignes quoique elle l’œil plus humble, peureux peut-être, impressionné, ou bien doux davantage au-dessus de la lustrine qui la vêt)), à son bonjour ! un homme répond à sa voisine bonsoir, et d’où vient que ce bond des voix d’un mur l’autre immanquablement translate pour moi seule de pleins petits étés méridionaux dont cependant je ne sais pas grand-chose ? rue v* de même, le son répercuté des couverts à l’heure du dîner m’affamant aux premiers soleils de croûtons frottés d’ail, d’imaginations tomatées, d’huile d’olive et de poisson qu’on grille.

21.04.11

je me rappelle avant que mes parents n’en changent (avant qu’en vrac et pour jamais s’éclipsent le carrelage mosaïqué bleuet, menteusement veinulé le formica puce et crème, l’ampoule à nu, le plastique où mes cuisses collent en été), l’évier chemin de t*, je m’en rappelle l’émail, le brise-jet sans parvenir pour autant à me revoir y lançant d’en bas car alors je suis très enfant, sous prétexte de prendre part aux travaux de la cuisine et pour qu’ensuite elle les lave, les pommes de terre que ma mère à mesure épluche à la table (il se peut cependant que je me souvienne de ce son sans écho rendu par les patates beurre frais à l’atterrissage).

« (l’artiste ne doit-il pas avoir laissé un pied dans son enfance, et projeté l’autre dans sa tombe ?) »

nuit.
qui m’accompagne scrute, qui me flanque, depuis le fond du taxi les putes noires de la rue doudeauville. j’épie quant à moi les sanglées aux chairs cachou, la peau tabac, je lorgne leurs gros seins contraints, leurs gros seins asphyxiés plein les embrasures.

je diffère infiniment mon départ comme si je m’en allais loin et longtemps.

je me rappelle à c* le lavabo (c’est auparavant la bassine en fer-blanc dans la salle, le menu corps sans poil qu’on y plante pour le savonner au gant, le frotter, le rincer sans souci de la petite fente, de sa très douce obscénité) pour mon extase à le découvrir un été casé, vasque et cuivre, son bataclan de tuyaux, dans le placard de ma chambre – le matin je chois (chaque soir littéralement je m’y hisse – il faut pour mériter d’y coucher le gravir, après quoi je gis la nuit entre un matelas sur lequel aujourd’hui je me romprais les os et un drap comme pierre) du lit pour au grand large ouvrir les portes sauge et l’admirer – à l’inverse il y a le pôle merdeux de la maison, les tinettes à l’arrière et leur clapet, leur broc, leur vieille brosse, où j’excrète avec la très très âpre crainte qu’une araignée me rogne le cul.

19.04.11

« revenir à moi, à ce journal. être de plus en plus seul. »

par la porte ouverte d’une buvette au reste acrimonieuse, inhospitalière de la rue l* (quand des hommes y sont ces hommes sortent et abondamment – plastronnant, paonnant ; ravalants – crachent) : l’exhalaison conjuguée d’un air d’oud et du fleur des sols frais lavés.

d’autres jours à quelques pas le fleur fromager, le pain (dont un matin s* avec émotion dit qu’il sent comme au bled).
les émanations de la blanchisserie.

« monsieur songe dit je perds progressivement l’ouïe, la vue et la mémoire. qu’est-ce qu’il me restera pour mourir ? l’odorat ? quelle horreur. »

je me ruine en livres et en médicaments.
à côté de vivre.

« (je n’aurai pas lu proust ; je n’aurai pas couché avec une femme ; et après ?) »
(j’aurai lu proust ; j’aurai couché avec des femmes ; et après ?)

susciter de l’oud au târ des mélancolies brèves, vives et brèves, aigües, bonasses, avec le souvenir du poulet aux prunes de marjane satrapi.

les premiers chauds m’épuisent l’humeur.

« nous partîmes à la recherche d’un endroit où nous pourrions nous embrasser. »
trois fois, quatre peut-être en tout je donne ou reçois un baiser dans un lieu public, sans jamais départager si cette rareté tient à l’appréhension que mon désir s’apâlisse en s’exhibant, ou bien au sexe de mes partenaires.

« le télescope sur les comètes »

tenir à l’homosexualité comme à son bien le plus précieux.
passer tel un souffle et dans l’inaperçu mais :
pas papa dans maman.

plein la brique du lierre, et saturé d’étourneaux (rue d*).

25.09.10

par la fenêtre, la première qui qui sait seule compte où s’encadrent le jardin corseté barré de cassis-fleurs, ce que votre père avec pompe appelle verger, soit ces fruitiers dont on tire peu, poires pierreuses et de la cerise mi rognée puis taupe ou tabac des sillons, de fins sillons en flabelles sur quoi c’est la fermette apposée, son guingois, et molle et bise et cendre ; des brumailles :
par la fenêtre aujourd’hui face à vous c’en sont d’autres, mais vous n’aurez jamais eu dans l’œil qu’elle.

26.09.10

cette boue noire. qui pour se la rappeler ? qui pour le capiteux empois brou dans quoi l’on m’enjoint d’aller le soir, je peux alors avoir trois ans, quatre, deux petites tresses quoi qu’il en soit et puis qu’on dit très blondes, deux courtes cuisses grosses, deux joues ejusdem farinae comme il me déplaît aujourd’hui de voir aux femmes, à la nuit j’afflue dans la poix de notre maison sur les instances de qui un jour me puise à l’électuaire charbon dont il est fait comme il faut dit-on que les pères fassent, je suis brave alors et désireuse de complaire à qui pour me faire m’extrait de son baume sombre, agence deux tresses, de courts mollets actionnés plein la ténèbre des couloirs avec l’intention de me concilier sa faveur, les joues d’api, les deux petits poings propitiatoirement appliqués contre la porte avant l’ombre du dehors à seule fin de révéler que je nage dans l’empois jusqu’à son fond. d’alors fors le vent je n’ai pas d’autre souvenir, j’accours pour jamais dans la boue noire.

25.09.10

que ce jour-là dans la pièce il faille attrouper ce qu'on conserve d'un tant soit peu crâne, par-delà tant d'ans ce que dans d'autres pièces on a su concevoir jadis, de la ténacité, encore que dès alors modique et qui tarit, mais en dépit, à moins que par leur grâce, des exils de l'enfance machinée — jusques et y compris de ce qui l'a rognée —, tant soit peu de trempe nourrie par plus de solitude encore, cet isolat qu'on fut plein l'altérable grâce des blés puis les azurs barbouillés par-dessus.